C’est sur l’air de Tout va très bien Madame la Marquise que commence la nouvelle année !

C’est sur l’air de Tout va très bien Madame la Marquise que commence la nouvelle année !

C’est sur l’air de Tout va très bien Madame la Marquise que commence la nouvelle année ! Help ! La Nef prend l’eau, il y a des fuites partout, il va falloir changer les tuiles et dans la foulée, la fumée de notre poêle gêne considérablement nos nouveaux voisins installés dans l’immeuble tout neuf, collé à la Nef. Imbroglio juridique, car si le bâtiment est trop proche, notre cheminée n’est pas assez haute !? Suite au prochain épisode …

Là-dessus, nos amis japonais ne veulent pas comprendre qu’on ne peut pas prendre le risque de prendre en charge huit allers-retours Tokyo / Paris, les défraiements et les salaires alors que vous n’étiez que quatre à vous inscrire à ce stage sans doute trop long et trop cher.

Et pour couronner le tout, Amélie notre administratrice va s’en aller voguer vers d’autres flots du côté de la mer et de la Bretagne, ce que je peux comprendre, mais parfois la solitude du capitaine dans un bateau qui prend l’eau et dont la cheminée ne fume plus, n’allège pas la sensation d’en avoir plein le dos. À propos de ce dernier, je retourne en villégiature à l’hôpital Cochin où je vais me faire dévisser ! Je ne m’appellerais plus John Elvis platiné et je ne sonnerais plus en passant les portiques de sécurité dans les aéroports.

Les cours d’eau débordent et qui l’eut cru les micros vagues du néolibéralisme à la française se transforment en Macron déferlantes qui coupent chaque jour un peu plus notre corps social en deux et une fois que le tissu social est déchiré, tout peut advenir. Je ne connais pas d’aiguille et de fil assez fin et solide pour recoudre la précieuse toile ! Mais que diable, nous sommes encore en démocratie et pour respecter le pluralisme, on nous laisse encore agiter nos petits chiffons rouge ou noir. Mais ce que je sais et vois, c’est que l’individu a gagné contre le collectif, le nombril contre le cœur et la tête, et ce qui constitue à mon sens le socle du corps social, le bien collectif, s’effrite et s’érode tous les jours !

On a jeté le bébé qui portait les idées du sens du commun avec l’eau du bain, pour en faire l’eau saumâtre d’un mot en “isme”, synonyme de dictature et de bureaucratie. Les utopistes ont perdu beaucoup de bataille mais je pense que la guerre de Troie aura bien lieu et que dans la rue de l’inventeur de l’appel aux armes citoyens, où siège notre manufacture de briques réfractaires, on continue à souffler sur les braises. La cheminée du bateau la Nef va bientôt souffler sa fumée filtrée et maudite soit Madame la Marquise !

Car dans ce même mois de janvier, si sombre et chaotique, il y a eu la reprise de Max Gericke au théâtre de la Girandole à Montreuil. C’est quand même génial de se sentir accueilli comme à la maison avec soupe et tarte. Merci à Félicie, Luciano et l’équipe du théâtre, je vous salue compères souffleurs de braise ! Et même si vous, public, n’étiez pas toujours au rendez-vous, ce fut un grand plaisir de voir tous les soirs cette partition déroulée avec brio par Hélène, Viviane et Clarisse. C’est grâce à vous et à toute l’équipe de la Nef que le capitaine de ce frêle esquif a pu tenir le cap. Madame la Marquise et la zone de turbulences vont s’éloigner et s’effacer. Je vais me tenir droit bientôt, sans douleur, pour encore et toujours raconter et témoigner.

Merci à vous autres comédiens, marionnettistes et porteurs de projets qui souvent avec des flammes dans les yeux, nous sollicitent pour les résidences de création. Mais n’oubliez jamais s’il vous plait, que ce vaisseau est avant tout habité par des artistes qui ne louent pas et ne produisent pas. En attendant des jours meilleurs, ils vous accueillent au mieux. En clair, ne faites pas semblant de vous intéresser à leur vie, leur œuvre, dans l’attente d’une résidence, mais sachez qu’ils sont comme vous, habités pour ne pas dire hanté par une âme artistique. Sinon à défaut de compréhension et de respect mutuel ils vous enverront errer sur la lande sans jamais monter sur le bateau. Bref ils sont vivants et seuls, la flamme de la création les animent, de celles qui couvent sous les braises. Nous ne serons jamais assez nombreux pour souffler !

Jean-Louis Heckel, février 2018