Pratiquons la création durable !

Pratiquons la création durable !

EDITO JUIN 2018

Cela fait un moment que je ne vous ai pas écrit, pour la première fois depuis longtemps il me manquait les fameuses unités de lieu, de temps et d’action pour trouver l’impulsion nécessaire.

En juin 2017, je suis entré en Cochinchine (pour ne pas dire l’hôpital Cochin) me faire implanter une série de vis censée me redresser le dos. Deux mois plus tard, la greffe ne prenant pas, et après beaucoup d’hésitation, on ou ils, décident d’enlever les vis en février 2018.

C’est là que, tapi dans l’ombre d’un bistouri, je me suis fait lâchement attaqué dans le dos par un staphylocoque, ce petit con en blouson doré m’a suspendu dans le temps durant sept semaines. L’unité de temps et d’action ont explosé. L’unité d’action a été stoppée net dans de longues heures de méditation devant les fenêtres aveugles, d’un univers quasi carcéral que je ne connaissais pas jusqu’alors.

Dans ce monde dit de la santé publique, il y a ceux qui savent “Les sachants” et les autres. Ils ont la suffisance de ceux qui savent mieux que vous ce qui est bien pour votre corps et votre esprit. J’ai eu l’occasion maintes fois d’interroger les internes en formation, à aucun moment de leur quasi dix ans d’études, ils n’ont droit à un cours de philo, psycho ou autre sciences humaines. On leur bourre le crâne avec un savoir purement technique pour bien tester leur capacité de mémoire et leur endurance. J’ai bien sûr durant ces longues semaines, rencontré des gens qui se battent pour un service public digne et un tant soit peu humain, mais tout là-haut règnent les sachants et toute la hiérarchie du dessous reproduit le même schéma.

Tout le monde sait que la limite de l’effet des antibiotiques est prévisible et imminente, personne ne sait ce qu’il va en advenir, mais la machine est lancée. Les premiers profiteurs sont bien évidemment les lobby pharmaceutiques et même si le mur approche a grande vitesse, on s’y précipite avec entrain. Est -ce si fatal que ça de rester aveugle et de foncer dans l’abime avec bonne conscience?

N’y a t’il pas la même dynamique en cours avec nos responsables politiques? Tout ceux qui veulent notre bien dans leur programme et idéologie savent mieux que nous ce qu’il faut faire pour obtenir la liberté, l’égalité et la fraternité.

Un ami australien m’a posé une question redoutable “Que faites vous, vous, les Français avec votre nouveau président?” Il y a eu la démocratie en Grèce, puis la révolution en France et il m’ a sincèrement posé la question de savoir si Macron était porteur d’espoir et de nouvelles lumières. Du fin fond de l’Australie, il attendait ma réponse.

Je lui ai expliqué que bien sûr, les gens n’avaient pas voté pour lui, mais contre le programme de sa concurrente la Marinière.
La démocratie est bien malade, elle à mangé trop de salade. On ne peut pas continuer à voter toujours pour, en votant contre. En tout cas nous sommes en plein régime des « Sachants » et notre président doit être tout aussi compatissant en serrant les mains des migrants, que celle de Trump, l’autre clown triste, le Tonton d’Amérique qui ne nous fait pas rire mais seulement pleurer.

J’ai, tu as ,il a le Trump- triste, il y a de quoi avoir le blues en ce moment, tout le monde le sait. Il faut arrêter de croire que d’autres peuvent sauver le monde à notre place. Mais maintenant que j’ai mis KO le staphylocoque avec son blouson doré, je pense plus que jamais que c’est vous, que c’est nous, que c’est moi, que c’est toi qui avons la responsabilité de ne pas éteindre la lumière en sortant et de laisser le monde dans un sombre capharnaüm.
Merci à tout ceux et celles, proches et ami(es), qui sont venus me soutenir en Cochinchine pendant cette traversée du désert non prévue.

Lorsque je vois à la Nef, la salle plus que pleine pour un Kabaret P.O.P le dimanche, lorsque je vois les stagiaires repartir avec des petites ailes dans le dos, pour rejoindre les Anges aux plafonds je me sens au centre des trois unités.Je me réjouis de recevoir, non seulement les cinquante ans de la Compagnie Philippe Genty, mais aussi d’assister au travail accompli avec Eric De Sarria et Nancy Rusek durant 5 semaines de stage à la Nef.
Maintenant, je sais ce que c’est que d’en avoir plein le dos ; on peut être au centre même en Cochinchine

Ainsi, nous pouvons écrire ensemble dès à présent la ou les histoires à venir, car nous ne sommes fait que de cela.
La fable et la création.
Ceci est mon moteur.

Pratiquons la création durable !
Ne faisons pas de politique, soyons politique, dans chacun des lieux où nous nous trouvons, à tout moment de notre histoire et dans chacun de nos engagements.

Jean-Louis Heckel